
Laure Joyeux envisage la « Seconde peau » comme une empreinte, ici une empreinte radiographique, lumière traversante des frontières de la « Première peau », qui agit comme un double. Le titre « Fossile » nous indique qu’il s’agit de ce qui reste et, par définition, de la pétrification d’organismes par sédimentation remplaçant ou conservant leur enveloppe extérieure. « Fossile » prend donc la forme d’un vestige, d’une trace de vie figée dans le temps dont l’empreinte radiographique est le témoignage. Avec Fossile, le support – ici fait de matériau de récupération – donne matière à réfléchir sur les frontières poreuses en expérimentant cette seconde peau qu’est la matière radiographique, et la transparence. Par l’assemblage de radiographies, Fossile met à jour, par superposition, des créatures chimériques laissant apparaître les os et quelque chose de l’intérieur. Composée d’éléments dissemblables, la créature obtenue fait figure de monstre. Dans un rapport de montré/caché, de transparence et d’opacité, d’envers et d’endroit, le monstre met ici à jour sa propre difformité.
La créature résultante, assemblée de toutes pièces, forge un être hybride dont le caché/dévoilé impose au regard le jeu des transparences et des recouvrements. Fossile se lit dans les deux sens, tel un palindrome visuel qui nous révélerait sa face cachée, habituellement invisible, une spatialité ambiguë. Cette inversion trouble l’unicité de l’œuvre reposant sur ce que montre le devant du tableau. Avec Fossile, le regard saisissant l’envers et l’endroit bouleverse l’ordre des choses.
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